MONSTROPHOBIE : le regards des autres
Monstrophobie est un manga de Kazuki Minamoto, un dessinateur et scénariste ouvertement gay. Si ce one-shot est une fiction, il a une résonance toute particulière sous sa plume. Encore inconnu en France, cet auteur a pourtant déjà une longue carrière derrière lui. Il a écrit des mangas dans des catégorie éditoriale très différentes comme dans des magazines teen love, josei, boys love et le seinen. Si l’envie vous tente vous pouvez regarder l’adaptation de son manga Kabe-koji en drama sur Viki.
C’est quoi l’histoire ?
Parce qu’il a le teint plus foncé que la moyenne des japonais, Naruse est harcelé au lycée. Dans l’enfer quotidien qu’il vit, son seul soutien est M. Kuroda, un professeur qui le voit et l’encourage. Mais un jour, le lycéen entend son enseignant dire à une collègue que les gays le répugnent. Profondément choqué, car lui-même gay, il ne sait plus comment se comporter et décide donc de mettre fin à ses jours. Mais après avoir échoué, un étrange phénomène se produit : il se transforme en monstre. Dès lors, il se sent invincible et prêt à rendre la pareille à tous ceux qui l’ont blessé, et aussi à dénoncer l’hypocrisie des adultes. Mais une question subsiste : pourra-t-il redevenir humain ? Et de toute façon, le souhaite-t-il vraiment ?
Être nous ne pas être
Arashiro Naruse est harcelé depuis son arrivée au lycée pace que ça peau est un peu plus bronzée que ses camarades. Ce qui le fait tenir c’est son professeur, son “crush”. Mais un jour, il l’entend dire que les gays le dégoûtent. Son monde s’effondre et son visage devient littéralement celui d’un monstre (kaijū en VO). Il va devoir affronter ses doutes et retrouver confiance en lui. L’homophobie ordinaire d’un homme qui pourtant déclare ouvertement être à l’écoute de ses élèves, la bienveillance incarnée. Quand on gratte un petit peu, il s’avère être un beauf de première, un bien sale, vous savez le gars à qui tu as juste envie de lui dire de la fermer. Pas qu’il soit méchant au demeurant, mais il est pétri de clichés…
Arashiro Naruse est pris dans une spirale d’auto dépréciation. Il n’a plus d’estime de lui, il ne se sent plus en sécurité nul part. Au lycée, il est harcelé tous les jours, quand son dernier soutient le lâche, il va vriller. Avec cette tête de monstre il va agir comme il ne l’aurait jamais fait avant. Quitte à devenir dangereux. De toute façon il n’a plus rien à perdre. Pourtant, ce n’est pas comme ça qu’il voudrait s’émanciper de son mal-être.
Homophobie ordinaire
Le mangaka aborde des thématiques complexes comme l’homophobie, l’amitié, la confiance en soi, l’amour, le harcèlement etc. Il touche juste, pique là où ça fait mal. Le professeur incarne la beaufitude. Pas méchant dans le fond, juste profondément mal éduqué. Il est contrebalancé par d’autres personnages à l’écoute et qui ont envie d’évoluer de façon positive comme son camarade qui aborde son homosexualité d’un autre manière en devant le harceleur. L’histoire de la première personne à s’être transformée en montre est elle aussi bouleversante.
La mise en page lors de la transformation est terrible, on ressent clairement ses émotions. L’auteur avec un trait assez simple nous transmet parfaitement la douleur psychique de son héros. Monstrophobie est né dans un des doujinshi qu’il vendait en convention. Un éditeur lui a donné l’occasion d’approfondir son sujet et de lui donner la forme qu’il souhaitait vraiment.
J’attendais de lire ce titre en français avec impatience, il ne m’a pas du tout déçu. Kazuki Minamoto excelle dans des registres très différents : La comédie avec Kabe-koji, le BL fétichiste avec The salaryman who has a fetish for suit gets horny. (disponible sur Futekiya) ou l’autobiographie Shōjo Mangaka no Minamoto-san ga Coming Out shimasu. et Misoji Gay, Tatanaku Narimashita (Je suis un homme gay d’une trentaine d’années et je n’ai plus d’érection). J’espère que vous serez toucher par son récit comme je l’ai été. Il est assez accessible, partage beaucoup sur son twitter et fait souvent des conventions de doujinshi (fanzine) avec son compagnon.
Monstrophobie porte un récit sincère et sans fard dont la force et la justesse en font un indispensable de cette rentrée 2023.
Public : tout public – dès 14 ans
Service presse