My broken Mariko : le film
My broken Mariko est un film adapté du manga à succès de Waka Hirako, qui tisse avec délicatesse le portrait de deux amies aux tempéraments opposés. J’en ai parlé l’année dernière sur le blog. Il a clairement été l’un de mes mangas préférés en 2021. Je n’espérais pas voir son adaptation cinématographique en France, c’est donc avec une certain fébrilité que je me suis rendue à la séance pendant le Festival Konitayo à la Maison de la culture du Japon à Paris.
Née à Kitakyushu, dans la préfecture de Fukuoka, Yuki Tanada (la réalisatrice) étudie le théâtre avant d’entrer à l’Institut Image Forum de Tokyo pour y apprendre le cinéma. Elle est remarquée avec Mole (2001), premier long qu’elle écrit, réalise et interprète, et qui obtient le Grand Prix du Pia Film Festival. En tant que scénariste elle adapte le manga Sakuran réalisé en 2007 par Mika Ninagawa. En 2008 elle tourne One Million Yen Girl avec lequel elle remporte le prix du nouveau cinéaste de la Directors Guild of Japan, et le prix du public au Festival d’Udine. On lui doit aussi des films tels que Moon and Cherry (2004), Ain’t No Tomorrows (2008), The Cowards Who Looked to the Sky (2012), My Dad and Mr Ito (2016) et Romance Doll (2020). Scénariste de la quasi-totalité de ses films, elle met au premier plan des valeurs ouvertement féministes avec des protagonistes attachées à leur indépendance d’esprit et d’action.
Son dernier long-métrage My Broken Mariko a été primé à Fantasia pour son scénario.
C’est quoi l’histoire ?
Tomoyo, 26 ans, apprend à la télévision la mort de son amie d’enfance Mariko qui se serait suicidée en se jetant du quatrième étage de l’immeuble où elle résidait. Sous le choc, elle ressasse leurs souvenirs communs pour trouver un sens à ce geste, notamment en relisant les lettres qu’elle lui avait écrites. Sa vie, si brutalement interrompue, a été brisée par la violence des hommes, à commencer par celles commises par son père qui n’a cessé d’abuser d’elle dès son plus jeune âge. Tomoyo s’empare de l’urne contenant ses cendres et part en direction de la plage où elles rêvaient d’aller ensemble.
Les cendres de la colère
La réalisatrice Yuki Tanada aborde avec pudeur le sentiment d’impuissance face au pire, la difficulté à faire son deuil et à se pardonner de ne pas avoir su agir quand il était temps. Un road movie teinté de regrets, implacable sur la violence patriarcale endémique de la société japonaise.
Elle a vraiment suivi à la case près le scénario écrit par Waka Hirako pour son manga. L’adaptation est très fidèle au manga d’origine à tel point que j’ai revu chaque scène impactante du récit. Si on perd l’aspect graphique du dessin de son autrice, on gagne avec la prestation de son actrice principale Nagano Mei. Sa colère et sa fureur son palpable. Elle m’a filé des frissons quand elle éructe de colère.
Le vivre après…
Si vous avez lu le manga vous ne serez donc absolument pas surpris par l’histoire, mais et c’est toujours intéressant de voir une œuvre sous une autre forme. Le long-métrage m’a tiré quelques larmes. L’impuissance face à ce que vit Mariko fait mal tout autant que les scarifications sur son poigner. La réalisation est très propre, le seul moment que j’ai trouvé peut-être un peu moins prenant que le manga c’est la scène vers la fin qui est au ralenti. Elle perd de l’intensité je trouve, mais c’est pinailler car le film est déjà très intense voir même très dur par moment. Mariko a subit son père, subit les hommes qu’elle a rencontrer par la suite comme si elle ne pouvait vivre qu’avec la violence des hommes. Ca prend aux tripes, on a envie comme Tomoyo de tout foutre en l’air.
My broken Mariko est une adaptation très fidèle au manga d’origine. Ce film fait mal autant qu’il fait réfléchir.
Public : attention suicide, mutilation, dépression