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Voyage dans le temps : Le livre des sorcières d’Ebishi Maki

Le livre des sorcières est un manga de trois tomes d’Ebishi Maki. Il était prépublié dans le magazine Nemuki + (magazine où l’ont peut lire des titres de Junji Itō ou encore Mitsukazu Mihara). Les trois tomes avaient été publié simultanément en version reliée au Japon, en France Glénat publie les deux premiers tomes d’un coup et le 3e le mois suivant. De très jolis ex-libris sont disponibles dans une enveloppe noire pour les premiers acheteurs. Une nouvelle histoire a été publié au Japon en 2022.
Artiste multifacette elle a publié des boy’s love Mizu no iro, Kimi ni ageru, mais a aussi illustré beaucoup de couvertures de romans BL. Son œuvre la plus longue est Tenchi Meisatsu d’après la vie de Harumi Shibukawa (1639 – 1715).

De quoi ça parle ?

Jean Wier est un personnage historique, médecin et opposant à la chasse aux sorcières. C’est son histoire que nous suivrons dans ce très beau seinen en 3 tomes, pour explorer le Moyen-Âge avec ses sorcières, ses loups-garous, la Peste et le combat sans fin contre l’obscurantisme.

MAJO WO MAMORU © 2020 MAKI Ebishi / Asahi Shimbun Publications Inc.
Jean Wier, rêve et humeur

Maki Ebishi retranscrit avec élégance la période sombre de la vie de Jean Wier. Il publie en 1563 ses Cinq livres de l’imposture et tromperie des diables. Entre récit historique, conte horrifique et enquête policière, le manga se lit très facilement. Pourtant quand j’avais lu le premier chapitre dans le magazine de Glénat je n’avais pas forcément été enthousiasmé. Je ne voyais pas trop où on allait, mais une fois que j’ai lu les deux tomes alors tout s’est bien entendu éclairé.

Les premières chasses aux sorcières débutent dans les années 1430 dans l’arc alpin par les procès de sorcellerie du Valais. L’apogée de cette pratique visant à persécuter et condamner personnes accusées de pratiquer la sorcellerie serait dans les années 1560-1580. Ce qui correspond avec le travail de notre Jean Wier. Il débute son apprentissage avec son professeur Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim qui l’influencera pour le reste de sa vie. Médecin, a ses côtés ils vont combattre une épidémie de peste. Jean Wier y fait la distinction entre les « magiciens infâmes », réellement coupables de crimes diaboliques, et les sorcières, qui sont elles la proie d’illusions maladives (wikipedia). Il ne pense pas que la magie existe, mais qu’il y a d’autres raisons psychologique qui poussent ces personnes à voir des choses ou à faire des choses. Avoir l’air chelou à cette époque c’était sans aucun doute la première marche vers l’échafaud.

Fake news et complot

Bien évidement, les connaissances de l’époque sont encore parcellaire et la ‘psychologie’ n’ait pas encore une pratique connue. La chasse aux sorcières perdurera encore au siècle suivant. Mais par ces écrits il va ouvrir une nouvelle piste de réflexion. Ce que l’homme ne comprend pas ça lui fait peur. Et même encore de nos jours avec l’instruction de chacun et ce que la science nous a appris depuis une centaine d’année, l’homme doute, a peur et préfère des pistes alternatives farfelues.
Heureusement, personne ne retrouve sur un bûcher, mais la vindicte populaire est toujours présente. Elle s’est déplacée de la place du marché aux réseaux sociaux. Fausses accusations, tribunal populaire les époques se suivent et se ressemblent.

Le livre des sorcières derrière son récit historique et biographique est une excellente base de réflexion sur notre époque car l’histoire se répète inlassablement.

Tanja

Tombée très tôt amoureuse du Japon, Tanja écrit sur la J-music, les mangas et les anime depuis 1997 dans des fanzines puis sur plusieurs webzine et sur son blog. Dès que l'occasion se présente elle part au Japon se ressourcer.

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