Inu-Oh : la dernière danse
Si différents films de Masaaki Yuasa sont sortis en salle en France (The Night Is Short, Walk on Girl, Lou et l’Île aux sirènes, Ride Your Wave) il est bien moins apprécié par le public qu’un Makoto Shinkai ou un Hayao Miyazaki. Sans doute parce qu’il est plus difficile à aborder. Pourtant ses séries télés sont souvent cités dans parmi les meilleurs de ces derniers années (Devilman Crybaby, Keep Your Hands Off Eizouken!). Même l’anime tant décrié Japan Sinks : 2020 à reçu le Prix du jury au Festival d’Annecy en 2020. Après quelques mois d’attente depuis l’avant-première au festival d’Annecy, le film sort sur grand écran partout en France.
C’est quoi l’histoire ?
lnu-oh, créature maudite, est né avec une particularité physique l’obligeant à cacher chaque parcelle de son corps. Sa vie de paria solitaire change lorsqu’il rencontre Tomona, un joueur de Biwa aveugle. Ensemble, ils créent un duo singulier qui fascine les foules et deviennent les premières célébrités du Japon. Pour découvrir la vérité sur la malédiction d’Inu-oh, ils devront continuer à danser et chanter, au risque de déranger l’ordre établi.
Le roi des chiens
Inu-Oh est son dernier projet avant une pause sans doute salutaire, il a même passer la main du studio Science Saru à Eunyoung Choi. Reviendra t-il, ne reviendra t-il pas ? C’est lui seul qui en décidera. En tous les cas, ne ratez pas l’occasion de voir son plus bel OVNI sur grand écran. Le style graphique et la thématique en aura pour le coup rebuté plus d’un. Pour une première semaine d’exploitation les salles semblent peu voir pas du tout remplis. C’est dommage mais inévitable avec un tel film d’animation. J’ai eu bien du mal à pitcher le film à mon compagnon pour l’attirer dans la salle obscure.
Il adapte Heike Monogatari: Inu-Oh no Maki de Hideo Furukawa (Éditions Philippe Picquier). Dans l’histoire du théâtre Nô on connait Zeami, le créateur de la plupart des pièces celles qui sont encore jouées de nos jours. Et si, il y avait eu plus rock’n’roll ? Et si on n’avait oublié d’autres pièces maitresses Nô ? Le réalisateur s’embarque dans une histoire entre conte et opéra rock déjanté. Autant vous dire que c’est aussi déroutant que jouissif. La fan de rock qui sommeil en moi a adoré imaginer ce binôme farfelu défiant les règles à coup de décibels.
Glam Nô
L’audace est sans doute de faire d’Inu-Oh une uchronie alors qu’on s’attend à un récit plus terre à terre. Ca sent bon le glam rock l’hommage à peine voilé à Bowie, Sparks jusqu’au show de Queen. Autre anachronisme certains spectateurs font du break danse pendant que notre duo s’échine sur scène. Le personnage principal se transforme petit à petit quand il découvre la danse et la musique. Jusqu’à devenir une icône aux poses lascives et subjectives. Les compostions de Yoshihide Otomo sont vraiment intéressantes sublimées par la voix d’Avu-chan (Queen Bee). Iel a une voix exceptionnelle, cast parfait pour le roi chien.
Il y a des passages vraiment magnifiques et créatifs comme pour illustrer la cécité de Tomona ou bien le délire des concerts. Je ne peux que vous recommander ce film (même sans amphét ça marche très bien !) surtout si vous aimez les opéra rock.
L’idée est originale, la réalisation est audacieuse et la partie musicale intense. Inu-Oh est un film fascinant tant il regorge de bonnes idées narratives et graphiques. Ne ratez pas l’occasion de le voir sur grand écran.
Public : à partir de 14 ans