Pression et dépression : Elle et son chat
Elle et son chat est à la base un court-métrage minimaliste en noir et blanc d’environ cinq minutes de Makoto Shinkai (Your name). Il obtient le Grand prix du DoGa CG Animation Contest avec ce court-métrage en 2000, ce qui lance sa carrière et marque le début de sa collaboration avec Comx Wave. Par la suite, il y aura une petite série animée qu’on peut encore regarder sur Crunchyroll, un livre écrit par Nagakawa Naruki et édité en français chez Charleston. Et enfin un manga dessiné de Tsubasa Yamaguchi (Blue period) et publié chez Pika édition.
De quoi ça parle ?
Chobi savoure sa vie de chat auprès de la maîtresse qui l’a recueilli, une jeune femme connaissant à la fois les avantages de l’indépendance et les affres de la solitude. Les yeux du félin assistent à ce quotidien qui s’écoule lentement, oscillant entre moments chaleureux et moments teintés d’amertume, entre jours de soleil et jours de pluie.
Adaptation
Je ne sais pas si c’était voulu ou pas, mais je trouve que c’est une bonne idée d’avoir d’abord pu découvrir Tsubasa Yamaguchi d’abord avec Blue period. Elle a un trait assez particulier qui peut être un peu particulier. Ne connaissant pas le court-métrage, ni la mini-série, je ne me serais sans doute pas penchée sur ce one shot. Bon peut-être que si, parce qu’il y a un chat dans l’histoire. Je suis faible par moment.
En tous les cas c’est avec plaisir qu’on la retrouve dans un exercice, pas toujours évident, d’adaptation d’un œuvre en manga.
Elle et son chat
Lors de ma lecture j’ai été un peu gêné par l’anthropomorphisme du chat. Il est « amoureux » de l’humaine, et il pense littéralement comme un humain, alors que c’est un chat. Ça me dérange toujours d’autant plus quand le contexte se veut sérieux. Dans Chi ça me dérange moins par exemple. Puis, j’ai lu la petite documentation du manga et j’ai mieux compris : « Pour ce film qu’il décrit comme « personnel » réalisé pour encourager la fille dont il était amoureux à traverser certains moments difficiles, le réalisateur s’est inspiré de sa propre vie, lorsqu’il habitait seul un petit appartement entouré de lignes électriques, loin des paysages verdoyants (…) ».
Effectivement, avec cette perspective je comprends mieux qu’il fait dire au chat ses propres désirs et pensés. Le chat symbolise le narrateur, on passe d’un truc gênant, à une narration plus audacieuse à mon sens.
L’histoire de la jeune femme m’a fait très mal et m’a vraiment bousculée. Elle porte tout le poids de la société sur son dos. Envie de réussir sa vie privée, comme professionnelle, envie d’avoir un partenaire, mais aussi envie d’être indépendante. La solitude lui pèse et en même temps c’est la société en partie qui lui dit que c’est négatif. L’horloge tourne, il est temps de se marier et de fonder une famille. Mais en a-t-elle vraiment envie ? Est-ce qu’il ne vaut pas mieux simplement apprécier les petits riens, le moment présent, plutôt que se soumettre et de déprimer à cause de qu’on voudrait que vous soyez ?
Je suis ressortie assez chamboulée de one-shot. Elle et son chat porte un message fort et universel. Les lecteurs, quelques soient leur origine, peuvent s’identifier à cette jeune femme solitaire.
