L’improbable BL de SUZURI Ryo : MADK
MADK (Motsu akuma to Danshi Koukousei -les entrailles d’un démon et un lycéen) est un manga de SUZURI Ryo publié dans le magazine Canna. Illustratrice, designer pour les jeux vidéo (notamment sur Monster Hunter) et mangaka amateur, cette artiste se lance assez tardivement dans le manga professionnel avec notamment MADK tiré d’un de ses doujinshi. Sous un autre speudo, SUMIYOSHI Ryo, elle créé la série en cinq tomes Jinba, Centaures en VF, publié chez Glénat. Le premier tome de MADK est publié chez Taifu comics en juillet 2019.
Mais que raconte ce titre pour le moins mystérieux ? Considéré comme déviant, Makoto est ostracisé depuis longtemps à cause de ses étranges penchants. Un jour, il tombe sur un grimoire contenant un sort d’invocation démoniaque. En l’utilisant, il ne s’attendait toutefois pas à voir apparaître J, archiduc des enfers. Le superbe démon, impressionné, lui accorde alors un vœu en échange de son âme. Mais il est encore plus étonné quand le lycéen lui fait une requête des plus inattendues : il veut manger sa chair et ses entrailles ! Makoto pensait sombrer dans le repos éternel une fois son souhait exaucé, mais J semble avoir d’autres projets pour lui…
Voilà une histoire pas commune et qui aurait pu tourner vite court. Surtout que je n’aime pas trop l’horreur, que ce soit au cinéma ou en littérature. Stephen King c’est pas ma vraiment ma cam et quand on parle de démon je suis plus Buffy et Supernatural que Conjuring ou L’exorciste. Je ne suis donc pas forcément la cliente idéale. Pourtant, MADK va nous prouver le contraire.
Un adolescent cannibale, mais qui ne veut faire de mal à personne car il sait que c’est mal, se dit que manger de la chair de démon, c’est THE solution ! Et dans un sens il n’a pas tort et ça va bouleverser sa vie, enfin sa mort si je puis dire. Là, où on aurait pu être très mal à l’aise avec un récit choquant, tout est contrebalancé avec une pointe d’humour et de dérision. Un second degré qui fait passer la pilule de l’horreur sans gâcher le fond de l’histoire. On n’est ni dans une comédie, ni dans l’horreur, c’est un savoureux mélange des deux.
Et vous me direz, mais en quoi c’est un boy’s love ? Et bien justement, il y a quelques scène érotique entre garçons. Cependant on est loin, très loin d’une histoire d’amour romantique et classique. Ce sont des démons, l’amour n’as pas vraiment sa place. Au demeurant c’est pas choquant, c’est ce qu’on attend d’un univers aussi démoniaque. C’est donc totalement dans le ton. Et toujours quelques bonnes réparties qui font mouche.
Le dessin de SUZURI Ryo est élégant, tout en rondeur et en douceur, alors qu’on baigne dans le sang et la chaire à vif. C’est assez incroyable autant de beauté au sein d’un univers aussi macabre. Elle invente des personnages incroyables aux courbes élégantes et raffinés, et leur transformation en démon est toujours graphiquement une belle claque. On sent sa maîtrise du dessin et surtout des monstres et autres créatures sorties tout droit de son imagination fertile.
Je recommande ce manga, non pas seulement aux fans de Boy’s love, mais bien aux fans d’histoire horrifique avant tout. MADK fait parti de ces manga hors catégorie qu’il faut découvrir au même titre que Centaures par exemple.