Murata Range : un chara designer atypique au Japan Tours Festival
Cette année encore Japan Tours Festival s’offre une affiche prestigieuse pour sa nouvelle édition avec notamment la venue de l’illustrateur et designer RANGE Murata. Ses travaux les plus connus en France sont sans nul doute ceux réalisés avec le studio Gonzo, à savoir : Last Exile et Blue submarine n°6. Il était de passage en France pour plusieurs conférences, et a aussi pris le temps de faire des dédicaces pour tous ses fans, n’hésitant pas à faire un petit dessin. Il nous a également accordé une interview…
RANGE Murata, de son vrai nom Renji Murata, est un designer japonais réputé, qui est loin de se limiter aux seuls animes : touche à tout il est aussi illustrateur, designer de meubles ou de mechas. Son style unique est reconnaissable entre mille car ses héroïnes à la taille fine, à la poitrine menue et au visage poupon contrastent souvent avec ce qui peut se faire habituellement. Il porte aussi une grande attention aux textures et aux postures, et aime incorporer des véhicules de toutes sortes, souvent avec un style rétro assumé.
Né le 2 octobre 1968 à Osaka, il rêve dans son enfance de concevoir des voitures et se dirige donc vers des études de design à l’université. Mais lui ce qu’il aime c’est un style rétro difficile à appliquer dans la réalité… il change donc son fusil d’épaule et débute sa carrière dans les années 90 avec des travaux pour des jeux vidéo. En 1993, il s’occupe ainsi des personnages du jeu de combat Blood Buddha Tribe, puis, l’année suivante il commence à publier des illustrations dans plusieurs magazines, tout en continuant à travailler pour les jeux vidéo.
A partir de 2013, il devient professeur à l’école de manga de l’université de Kyoto Seika, en charge du cours de design de personnages. En parallèle, lors de certains événements on peut trouver ses doujinshis (fanzines) : PASTA ‘S ESTAB. Il publie aussi le recueil d’illustrations collaboratif : robot, édité en France par les éditions Glénat, et participe à de nombreux artbooks. RANGE Murata confie lui-même pouvoir mettre jusqu’à 15 jours pour finaliser une seule illustration mais avoue également être souvent en retard et aimer travailler dans l’urgence.
Range Murata : L’interview d’un touche-à-tout !
Journal du Japon : Bonjour et merci de nous avoir accordé cet entretien. Nous avons revu votre nom au staff d’un anime en 2017, ID-0, pour du chara-design, mais aussi pour une couverture sur le roman Attack on Titan: Harsh Mistress of the City : Comment êtes-vous arrivé sur ces projets, et d’ailleurs comment choisissez-vous les projets auxquels vous participez ? Quel est votre moteur ?
Est-ce que vous avez envie de revenir vers le manga et l’animation prochainement, ou est-ce que ces deux travaux sont uniquement du travail de commande ?A la base je suis illustrateur au Japon, je dessine des illustrations pour divers magazines, qu’il s’agisse de couvertures (comme pour l’Attaque des titans) ou de posters. Je suis plus illustrateur que chara designer, c’est assez rare qu’on me demande de participer à des projets sur des animes ou des films. et c’est pour cela que mon nom n’apparaît pas souvent aux génériques de ce genre de productions. Pour ID-0 les préparatifs ont pris plus de temps que prévu c’est pour cela que ça arrive si tardivement.
D’ailleurs je tenais à vous dire que j’ai sorti un art book, Futurlog, avec une grande partie de mes dernières illustrations, il est disponible lors de la convention et aussi dans la boutique parisienne Junku (18, Rue des Pyramides, 75001 Paris).
Je travaille actuellement sur un anime qui devrait sortir fin 2018, début 2019 mais je ne pourrai pas en dire plus.
Vous êtes un designer multi-facettes, vous avez travaillé sur des meubles, des vêtements, et même designé des figurines tirés de vos œuvres, comment fonctionnez-vous par rapport à ça ?
Pour faire court j’aime créer des choses. J’ai fait des études de design à l’université et si je crée quelque chose sur le papier, j’ai aussi envie de lui donner vie et d’en faire un objet que l’on peut voir et toucher. C’est dans ma nature profonde de donner vie à ce que mon imagination peut inventer.
Comme nous l’avons vu, vous êtes un touche à tout, n’avez vous jamais pensé ou voulu vous tourner vers le mecha design ? Pourquoi ?
Effectivement je ne fais pas de mecha-design dans les anime, mais j’ai malgré tout créé le Vanship dans Last Exil par exemple. Cela a été un travail intéressant, mais qui m’a aussi pris beaucoup de temps car comme je travaille de façon méticuleuse et que je suis souvent en retard, faire les deux est épuisant.
En parlant de mecha design, l’année dernière, AMARAKI Shinji et KAWAMORI Shoji étaient venus à Tours, avez-vous été inspiré d’une quelconque manière par leur travail ? Aimeriez-vous travailler un jour avec eux, ou avec d’autres personnes ?
Personnellement, j’aime les design de machines assez rétro, avant les années 40, avec des chromes et des traits old school. Les travaux de MM. Aramaki et Kawamori sont plus tourné vers le futur avec des design futuristes et nouveaux. C’est très différent, mais c’est vrai qu’on pourrait mélanger les deux ? Pourquoi pas à vrai dire. Si un jour on a l’occasion de travailler ensemble ce serait amusant de voir ce que ça pourrait donner.
Avez-vous déjà pensé à vous filmer pendant que vous dessiniez pour ensuite le diffuser sur Internet via un timelapse ou en direct ?
Beaucoup d’illustrateurs japonais font ça, mais ce sont des dessins qui se font rapidement entre une et deux heures. Moi, je suis beaucoup trop lent donc je pense que ce n’est pas possible.
Combien de temps cela vous prend-il ?
Si c’est une illustration simple avec le visage jusqu’au buste, aucun décors, pas de fleurs ou de machine… Je peux mettre une journée et demie. Si vous rajoutez plusieurs personnages, en entier, avec des vêtements différents, avec en plus un décor et un mecha, là je peux mettre une, voire deux semaines pour faire mon illustration.
Avez-vous l’intention de ressortir une ligne de vêtements ?
Pour le moment ce n’est pas dans mes projets, j’ai déjà fait une ligne de vêtements et ça m’a beaucoup plu, cependant, je suis un tout petit producteur. Il faut avoir beaucoup de tailles différentes pour tout le monde, ce qui pose un problème pour le stockage car il faut un local assez grand pour stocker des pantalons, vestes et autres vêtements. Il y avait aussi quelques pièces pour les femmes. C’était vraiment compliqué, c’est pour ce la que j’ai arrêté. En ce moment je vends des sacs (Postmanbag type 2) et des pochettes unisexes.
Si une grande maison de couture vous demandait de sortir vos produits vous seriez d’accord ?
Oui évidement, je serais très fier. Si quelqu’un veut s’en occuper j’en serais ravi car je n’ai malheureusement pas le temps de m’en occuper.
Merci à vous pour cette interview.
Retrouvez Range Murata sur :
Son site officiel
Son twitter officiel
Remerciements à Anne-Guillaume Vallée pour l’interview, ainsi qu’à Japan Tours Festival, Sarah Marcadé et à la traductrice Naoko Ban. Et bien entendu un grand merci à M. Murata Range pour sa gentillesse et sa disponibilité.