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BL métamorphose le manga feel-good de Ki-oon

BL métamorphose (Metamorphose no Engawa) est un manga de Tsurutani Kaori dont le premier tome vient de sortir chez Ki-oon. Il s’agit d’un seinen pré-publié chez Comic Newtype depuis 2017 qui compte déjà trois tomes et il est toujours en cours de parution. C’est une histoire tranche de vie qui peut être lu par tout le monde car l’amitié est universelle.

Pour revenir sur le titre japonais un « engawa » est une bande de sol suspendue généralement en bois et se trouvant juste devant la fenêtre ou les volets des pièces dans les maisons traditionnelles japonaises. Si vous regardez la couverture, c’est là que se trouve les deux héroïnes pour lire et partager leur passion du Boy’s love.

À 75 ans, Yuki vit le quotidien bien réglé d’une grand-mère japonaise, entre mots croisés et cours de calligraphie. En flânant un jour dans une librairie pour fuir la chaleur, elle craque pour un manga, intriguée par sa couverture chatoyante… Ce n’est qu’en rentrant chez elle que Yuki se rend compte qu’elle a fait l’acquisition d’une bande dessinée d’un genre bien particulier : un boy’s love, une romance entre garçons ! L’histoire pourrait s’arrêter là, mais, contre toute attente, notre mamie tombe littéralement sous le charme de ce récit et n’a plus qu’une idée en tête… lire la suite !
C’est la jeune Urara, apprentie libraire et accro au genre, qui va devenir la conseillère de la vieille dame en la matière ! Pour l’adolescente timide et complexée, qui vit sa passion dans le secret, la rencontre avec Yuki va être un véritable déclic. Par-delà les générations, les deux fangirls vont s’ouvrir l’une à l’autre et découvrir les joies d’une amitié hors du commun !

Cliquez sur l’image pour lire un extrait © Kaori Tsurutani 2018 / KADOKAWA CORPORATION

Qu’est-ce que le Boy’s love ?

Comment vous parler de BL métamorphose sans vous parler du boy’s love ?
Dans les années 70 les auteures de manga étaient assez libre, elles ont donc eu un âge d’or dans les années 70 avec par exemple les autrices du groupes de l’an 24. Elles sont généralement considérée comme étant à l’origine du « shōjo moderne ». Mais ensuite ça c’est gâté. Le yaoi s’est créé dans les années 80, il est le fruit de la frustration des auteures né de la castration des lignes éditoriales. Des couples toujours sage enfermés dans des conventions sociales inextricables saupoudré d’une absence de liberté. Sur ce, elles se lâchent dans le yaoi où le but est généralement de dessiner des scènes de sexe explicites sans trop de scénario, mais avec une liberté totale.

Le succès amateur est tel que les éditeurs s’engouffrent dans le créneau et éditent des magazines « boy’s love ». La demande n’a jamais cessé de grandir depuis. Les récits étaient cependant assez stéréotypés, toujours hétéro normés dans les années 90/2000. Avec un seme immense et dominant et un uke frêle et subissant tout et n’importe quoi. Le consentement du uke est totalement absent la plupart du temps. Le héros se faisait toujours violer et finissaient par tomber amoureux de son amant (normaaaaal)… C’était assez malsain et personnellement je n’y accrochais pas du tout.

Puis, il y a environ une dizaine d’année, de nouvelles auteures sont apparues et le ton a changé. Les couples sont devenus de plus en plus souvent ouvertement « gay » au lieu d’être des hétéros devenus par on ne sait quel miracle amoureux d’autres hommes. Elles ont aussi commencé à s’intéresser aux problèmes LGBT. Les frontières qui définissaient uke et seme (Taichi / neko dans le langage gay japonais) sont devenus plus flous offrant des couples différents dont les schémas sont plus complexes. Parce que c’est aussi ça la vie.

De nos jours le boy’s love peut intéresser n’importe qui grâce à des récits plus proches de la réalité et où le consentement n’est plus une utopie (oui, pour moi c’est important). Il existe toujours du BL où le contenu est douteux (il en faut pour tous les goûts j’ai envie de dire, je ne blâme donc pas du tout ce genre d’histoires), mais il y a beaucoup de titres différents par leurs thématiques et leurs graphismes. J’ai moi-même succombé il y a même pas un an parce que j’ai découvert des récits étaient de qualité et qui ne me m’étaient pas mal à l’aise. Des romances certes, mais avec une qualité scénaristique et graphique étonnante.

Ce qui nous lie

Ce qui m’amène à vous expliquer pourquoi notre grand-mère peut tomber sous le charme de ces histoires d’amour. Pourtant à première vue elle n’est pas concernée. Le boy’s love étant un sous genre du shōjo, ces romances sont agréable à lire quelque soit l’âge du lecteur, tant qu’on est un public adulte averti, s’entend. S’il existe des titres sans sexe, la plupart ont un contenu plus ou moins explicite. Il y en a beaucoup on sait qu’on n’est pas là pour le scénario. D’autres au contraire sont de petits bijoux de poésie.
Le BL s’est démocratisé ces dernières années au Japon grâce à une nouvelle génération d’auteures qui a grandement aidé à renouveler le genre le sortant de sa niche. Il existe une multitude d’histoires, des romances lycéennes ou universitaires, du SM, des thrillers, de l’omegaverse, de la tranche de vie, de la fantasy, des furry etc. etc. Tout le monde est servi.

On peut tous s’identifier aux héros, les histoires sont souvent assez courtes quelques volumes seulement, mais effectivement les parutions peuvent prendre du temps car les magazines ne sortent que tous les deux mois.
Cela peut nous paraître étrange, mais au Japon le BL est une façon d’appréhender le couple sans les codes sociétaux qui existent entre les hommes et les femmes et qui enferment vraiment les relations amoureuses. On peut dire que dans le BL les deux partis sont égaux, tout du moins sur certains points de vus. On y traite autant des problèmes de cœur que des problèmes de sociétés.

Je me retrouve un peu dans cette grand-mère, j’ai trouvé avec le BL une bande de copines qui me prouve chaque jour que tout n’est pas pourri dans cette vie. On s’est retrouvé à parler de BL, on s’échange des titres, on discute de notre ressenti, et dans la vie de tous les jours on peut se soutenir, s’entraider et s’encourager. Merci les filles !
Pour la jeune héroïne du manga elle trouve quelqu’un avec qui partager une passion et ça la rend heureuse, ça l’aide à avancer. Elle est timide et sa passion étant le BL (un genre pas forcément bien vu et compris) elle n’a pas d’amies pour la partager. Cette mamie c’est pas vraiment ce qu’elle s’imaginait pour partager sa passion, mais pourquoi pas après tout ! Les frontières existent que par ce qu’on les crées.

Et le manga dans tout ça ?

BL métamorphose de Kaori Tsurutani est une perle feel-good qui nous prouve que même entre des générations différentes la passion peut s’avérer un excellent lien. Ne loupez pas ce magnifique moment de mignonitude. Devenir une fujoshi n’a pas d’âge !

Graphiquement c’est très doux et délicat avec un style pas lise du tout, c’est assez difficile à décrire, mais c’est parfait pour ce genre de récit tranche de vie. Le lecteur peut s’attacher très vite à cette gentille grand-mère et à Urara la jeune lycéenne introvertie. Je vous aurais parlé plus de BL que du manga, cela dit je vous encourage à tenter l’aventure, que ce soit le BL, le macramé ou le shogi qu’importe ce qui lit ces deux personnes ça aurait eu la même force. Deux générations qui se rencontrent et qui ont beaucoup en commun. Chacun pourra apprendre de l’autre. Et si vous avez envie de lire du BL n’ayez pas peur.

Ce premier tome est assez court, il se lie beaucoup trop vite, mais les dessins sont délicats et l’histoire d’une sensibilité à tout épreuve. Que vous aimiez ou pas le BL, ce manga feel-good intergénérationnel devrait toucher votre cœur. J’ai hâte de lire la suite !

Tanja

Tombée très tôt amoureuse du Japon, Tanja écrit sur la J-music, les mangas et les anime depuis 1997 dans des fanzines puis sur plusieurs webzine et sur son blog. Dès que l'occasion se présente elle part au Japon se ressourcer.

2 réflexions sur “BL métamorphose le manga feel-good de Ki-oon

  • Pauline

    Y a t il dautre yaoi ou BL feel good que tu pourrais me conseiller?

    Répondre
    • Let’s be a family, My pretty policeman, Jackass!, coup de foudre pour cupidon, Life… 🙂

      Répondre

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